• Nous avons tendance à toujours exagérer et, par là, des mots qui étaient forts viennent à s'user, perdent leur sens, perdent leur présence.
  • Les mots reflètent souvent notre histoire : leur effacement progressif décrit, lui, notre paresse ou notre manque de curiosité. Pourtant, tant de richesses sont à notre disposition…
  • Les phrases toutes faites sont le bureau de bienfaisance des esprits bornés.
    De toutes les paroisses (1913)
  • La marée des mots, la tempête du verbe, le souffle de la parole désignent l'autre réalité. Impalpable mais souveraine. Insondable mais quotidienne. Qui nous exalte, ou nous dévaste, nous consume ou nous affranchit.
  • Le mot est un matériau fragile : je n'en connais pourtant pas de plus puissant.
    Zadig, numéro 20
  • Les mots ne sont pas innocents. Ils traduisent une idéologie, une mentalité, un état d'esprit. Laisser passer un mot c'est le tolérer. Et de la tolérance à la complicité, il n'y a qu'un pas.
    Une farouche liberté, éd. Grasset
  • Les pensées sont une chose. Les mots en sont une autre.
    La Fosse aux chiens, éd. du Seuil
  • Merde : ce mot est une friandise. Seuls les crétins de haut vol ne l'utilisent jamais. Un mot qui se crie, qui se hurle, qui se susurre, se murmure, se savoure. C'est le mot qui console, dont on a besoin.
  • J'aime aller derrière les mots parce qu'il y a autre chose encore. Je ne vais pas à l'évidence. J'aime bien fouiller derrière les mots pour voir.
  • Les mots pour nous, écrivains, sont les pierres dont nous nous bâtissons.
    Discours de réception du prix Nobel de littérature, 7 décembre 2006
  • Il n'y a pas de mesure à la mesure des mots. Il ne viendrait à personne l'idée de mettre un frein à la clarté nue de midi en été. Les mots. Silex et diamant.
    Septentrion, éd. Denoël
  • Les mots sont toute la poésie de la vie.
  • C'est une condition de la beauté littéraire : il faut choisir des mots qui ajoutent à la pensée.
    Lyres (1961)
  • L'amour des mots est en quelque façon nécessaire à la jouissance des choses.
  • À partir du moment où l'on considère les mots comme une matière, il est très agréable de s'en occuper. Tout autant que peut l'être pour un peintre de s'occuper des couleurs et des formes. Très plaisant d'en jouer. […] Par ailleurs, c'est seulement à partir des propriétés particulières de la matière verbale que peuvent être exprimées certaines choses — ou plutôt les choses. […] S'agissant de rendre le rapport de l'homme au monde, c'est seulement de cette façon qu'on peut espérer réussir à sortir du manège ennuyeux des sentiments, des idées, des théories, etc.
    Pratique d’écriture ou l’inachèvement perpétuel, éd. Hermann