René Girard (25 décembre 1923 - 4 novembre 2015) est un anthropologue, historien et philosophe français. Professeur à Stanford University pendant de nombreuses années, il a développé des théories novatrices sur le désir mimétique et le mécanisme du bouc émissaire. Sa théorie du désir mimétique postule que nos désirs ne sont pas autonomes mais toujours inspirés par ceux des autres, créant ainsi des rivalités et des conflits. Il développe également sa théorie du bouc émissaire, selon laquelle les sociétés canalisent leur violence collective sur des victimes innocentes pour restaurer l'ordre social.
Ses ouvrages majeurs incluent "Mensonge romantique et vérité romanesque" (1961), "La Violence et le sacré" (1972) et "Des choses cachées depuis la fondation du monde" (1978). Ses travaux ont influencé de nombreux domaines : anthropologie, philosophie, théologie, critique littéraire et sciences sociales. Il est élu à l'Académie française en 2005.
  • La psychanalyse triomphe absolument. Elle est partout, ce qui revient à dire qu'elle est nulle part ; elle n'échappe à la banalité des fausses évidences populaires que pour tomber dans le formalisme ésotérique.
    La Violence et le Sacré, éd Grasset
  • Nous sommes hypnotisés par des dieux dérisoires et notre souffrance redouble de les savoir dérisoires.
    Mensonge romantique et Vérité romanesque, éd. Hachette
  • Dès lors qu'un rôle nous appartient en propre, dès lors qu'on est officiellement et culturellement habilité à le jouer, il perd de son prestige. Le rôle des autres est toujours plus fascinant que le sien.
    Shakespeare. Les feux de l'envie, éd. Grasset
  • La tendance à effacer le sacré, à l'éliminer entièrement, prépare le retour subreptice du sacré, sous une forme non pas transcendante mais immanente, sous la forme de la violence et du savoir de la violence.
    La Violence et le Sacré, éd. Hachette
  • Il n'est pas de culture à l'intérieur de laquelle chacun ne se sente "différent" des autres et ne pense les "différences" comme légitimes et nécessaires.
    Le Bouc émissaire, éd. Grasset
  • Une victoire sur l'amour-propre nous permet de descendre profondément dans le Moi et nous livre, d'un même mouvement, la connaissance de l'Autre. À une certaine profondeur le secret de l'Autre ne diffère pas de notre propre secret.
    Mensonge romantique et Vérité romanesque, éd. Hachette
  • Chacun se croit seul en enfer et c'est cela l'enfer.
    Mensonge romantique et Vérité romanesque, éd. Hachette
  • Seul le désir de l'Autre peut engendrer le désir.
    Mensonge romantique et Vérité romanesque, éd. Hachette
  • Pour qu'un groupe humain perçoive sa propre violence collective comme sacrée, il faut qu'il l'exerce unanimement contre une victime dont l'innocence n'apparaît plus, du fait même de cette unanimité.
    La Route antique des hommes pervers, éd. Grasset
  • La tendance mimétique fait du désir la copie d'un autre désir et débouche nécessairement sur la rivalité.
    La Violence et le Sacré, éd. Hachette
  • L'imitation ne se contente pas de rapprocher les gens ; elle les sépare, et le paradoxe est qu'elle peut faire ceci et cela simultanément.
    Shakespeare. Les feux de l'envie, éd. Grasset
  • […] l'envie est de tous les péchés le plus difficile à avouer, et le plus répandu.
    Shakespeare. Les feux de l'envie, éd. Grasset
  • Il est inévitable qu'à un moment donné, même les meilleurs amis du monde croisent sur leur chemin un objet qu'ils ne peuvent ni ne souhaitent partager.
    Shakespeare. Les feux de l'envie, éd. Grasset
  • L'amitié est cette coïncidence parfaite de deux désirs. Mais l'envie et la jalousie ne sont pas autre chose. La mimesis du désir est à la fois le ressort de ce que l'amitié offre de meilleur et de ce que la haine a de pire.
    Shakespeare. Les feux de l'envie, éd. Grasset
  • Nos désirs ne deviennent vraiment convaincants que lorsqu’ils sont reflétés par ceux des autres.
    Shakespeare. Les feux de l'envie, éd. Grasset