• La séparation d'un enfant avec sa mère est avant tout un acte physique. Il faut que les bras de l'un cessent d'enlacer le corps de l'autre, que les mains de l'un se détachent des mains de l'autre, que les peaux ne se touchent plus, que les regards se désencastrent l'un de l'autre. Il faut s'éloigner et, dans cet éloignement, il y a le début d'une désagrégation, comme si l'un ne pouvait vivre que grâce à l'autre, comme si l'un ne pouvait pas vivre sans l'autre. C'est une perte de substance. La vie qui s'en va, quelque chose qui s'écoule, une force qu'on ne peut pas retenir.
    En l'absence des hommes, éd. Julliard
  • L'amitié que je ressens pour une femme, c'est celle, déjà, que l'adolescent que je fus ressentait pour la mère de ses amis ; elle est demeurée intacte tout au long de ces années. J'aime l'esprit des femmes.
    En l'absence des hommes, éd. Julliard
  • Dans une relation amoureuse, souvent, il en est un qui donne et l'autre qui prend, un qui s'offre et l'autre qui choisit, un qui s'expose et l'autre qui se protège, un qui souffrira et l'autre qui s'en sortira. C'est un jeu cruel parce qu'il est pipé. C'est un jeu dangereux parce que quelqu'un perd obligatoirement.
    En l'absence des hommes, éd. Julliard
  • Il est des silences qui blessent plus sûrement qu'une injure.
    Les jours fragiles, éd. Julliard
  • Le suicide n'est rien d'autre que quelques secondes d'une fatigue trop lourde.
    Un instant d'abandon, éd. Julliard
  • Les Français clament leur foi en l'avenir mais ne cessent de se réfugier dans le « c'était mieux avant », ils réclament toujours des réformes mais s'y opposent systématiquement dès que quelqu'un s'efforce de les mettre en place, ils aspirent à la révolution mais élisent un roi, ils vomissent les partis mais votent pour eux, ils jouent au loto mais haïssent les individus liés à l'argent.
    Un personnage de roman, éd. Julliard
  • Je suis un incurable pessimiste qui aime la vie.
    La Trahison de Thomas Spencer, éd. Julliard
  • L'été, toujours le soleil, à peine un léger souffle qui fait se soulever un rideau, une chaleur, une douceur sur tout. Il n'y a qu'à se laisser aller à un tel été, ne rien faire que se laisser faire, ne rien vouloir. Il suffit de recevoir cet été comme un cadeau, comme quelque chose qu'on ne devrait pas posséder et qu'on possède tout de même.
    En l'absence des hommes, éd. Julliard
  • L'amour est nécessairement la cause de souffrances. L'autre est, avant tout, celui qui nous fait ou fera souffrir car il se dérobe toujours à nous, tôt ou tard, franchement ou par des voies détournées, consciemment ou inconsciemment, totalement ou partiellement.
    En l'absence des hommes, éd. Julliard
  • L'amour d'une mère pour son enfant, cette effusion immense, ce débordement comme on le dit d'un fleuve qui déborde de son lit.
    En l'absence des hommes, éd. Julliard
  • L'inacceptable pour une mère est de devoir envisager la perte de son fils. C'est la plus grande perte. Elle n'y survivrait pas. Les mères ne survivent jamais à la disparition de leur enfant. Même vivantes, elles sont mortes.
    En l'absence des hommes, éd. Julliard
  • Le temps perdu, ce temps-là ne se rattrape jamais.
    Les Passants de Lisbonne, éd. Julliard
  • La timidité chez un homme est une faiblesse charmante.
    Se résoudre aux adieux, éd. Julliard
  • Les femmes sont dotées d'une intuition très supérieure à celle des hommes. On dit qu'elles ont une sorte de sixième sens, presque infaillible, une aptitude à voir au-delà des simples apparences, et c'est sûrement vrai.
    Un garçon d'Italie, éd. Julliard
  • Je crois qu'on survit à tout. Je crois que la vie est plus forte. Je crois que le temps est assassin et balaye les visages du passé en emportant avec lui les épreuves qu'on pensait ne pas pouvoir surmonter.
    En l'absence des hommes, éd. Julliard