Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet, communément appelé Nicolas de Condorcet ( - ) est un philosophe, mathématicien et homme politique français. Mathématicien précoce, il est élu à l'Académie des sciences à 26 ans pour ses travaux sur le calcul intégral. Philosophe engagé, il milite pour l'égalité des droits, notamment l'abolition de l'esclavage et le droit de vote des femmes. Son "Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain" (1795) expose sa vision du progrès continu de l'humanité.
Pendant la Révolution française, il est élu député à l'Assemblée législative et à la Convention. Opposé à la peine de mort, il vote contre l'exécution de Louis XVI. Proche des Girondins, il est proscrit sous la Terreur et mourra en prison.
Le but de l'instruction n'est pas de faire admirer aux hommes une législation toute faite, mais de les rendre capables de l'apprécier et de la corriger. Il ne s'agit pas de soumettre chaque génération aux opinions comme à la volonté de celle qui la précède, mais de les éclairer de plus en plus, afin que chacun devienne de plus en plus digne de se gouverner par sa propre raison.
[...] les droits des hommes résultent uniquement de ce qu'ils sont des êtres sensibles, susceptibles d'acquérir des idées morales, et de raisonner sur ces idées ; ainsi les femmes ayant ces mêmes qualités, ont nécessairement des droits égaux. Ou aucun individu de l'espèce humaine n'a de véritables droits, ou tous ont les mêmes ; et celui qui vote contre le droit d'un autre, quelque soit sa religion, sa couleur ou son sexe, a dès-lors abjuré les siens.
Il serait difficile de prouver que les femmes sont incapables d'exercer les droits de cité. Pourquoi des êtres exposés à des grossesses et à des indispositions passagères ne pourraient-ils pas exercer des droits dont on n'a jamais imaginé de priver les gens qui ont la goutte tous les hivers et qui s'enrhument aisément ?
La faiblesse est un défaut que nous a donné la nature, que nous ne pouvons détruire, contre lequel nous avons sans cesse à nous défendre, et dont aucun homme de bonne foi, et capable de quelque courage, ne se vantera jamais d'avoir toujours triomphé.
La vie humaine n'est point une lutte où des rivaux se disputent des prix ; c'est un voyage que des frères font en commun, et où chacun employant ses forces pour le bien de tous, en est récompensé par les douceurs d'une bienveillance réciproque, par la jouissance attachée au sentiment d'avoir mérité la reconnaissance ou l'estime. Une émulation qui aurait pour principe le désir d'être aimé, ou celui d'être considéré pour des qualités absolues, et non pour sa supériorité sur autrui.
Il n'y a de peuples vraiment paresseux dans les nations civilisées que ceux qui sont gouvernés de manière qu'il n'y aurait rien à gagner pour eux en travaillant davantage.