Joël de Rosnay né le , est un scientifique, prospectiviste, conférencier et écrivain français. Docteur ès sciences, ancien chercheur et enseignant au Massachusetts Institute of Technology (MIT), il est conseiller de la présidente d'Universcience (Cité des sciences et de l'industrie et Palais de la découverte), président exécutif de Biotics International et conseiller spécial du Premier ministre de la République de Maurice pour le développement durable.
C'est la création qui procure le sentiment d'avoir investi du temps, d'avoir « sauvé » du temps dans un « réservoir temporel » qui pourra servir aux autres. C'est cette création qui transforme la mort en un passage, puisque ce que l'on a créé, partagé, diffusé, mémorisé, se retrouvera chez ceux qui poursuivront la tâche entreprise, en se référant à celui ou celle qui l'a initiée.
C'est à tort que l'on identifie souvent spiritualité et religion. Une démarche ou une attitude spirituelles sont considérées comme rattachées à une pratique religieuse, alors que la spiritualité est omniprésente dans notre vie. On la retrouve évidemment dans l'art, mais, au-delà, dans toute création, invention ou oeuvre : le travail bien fait de l'artisan, l'éducation des enfants par leurs parents, le partage et la solidarité dans des actions quotidiennes qui rythment la vie... La spiritualité, c'est l'essence même de la vie, comme le sang qui irrigue notre corps.
[...] pour surfer la grande vague du temps dans ce système de lutte contre la mort qui s'appelle la vie, construire du sens peut se faire par le lien social, le lien avec l'autre aussi bien que par la croyance ou la connaissance.
La culture est une capacité à rassembler des éléments, des faits séparés, en un tout cohérent, utilisable dans sa vie et dans son action pour lui donner du sens.
L'éducation est au centre de toutes les stratégies de construction de l'avenir. C'est un enjeu mondial, un des grands défis du troisième millénaire. Un processus primordial de survie, d'adaptation et d'évolution de l'espèce humaine que l'homme va devoir conduire dans le respect des diversités et des libertés. Sans éducation, il ne peut y avoir de participation consciente et responsable à la gouvernance des sociétés de demain.
[...] pour surfer sa vie, il faut savoir se créer des instants d'une riche intensité. L'éternité peut se loger dans l'intensité de l'instant et pas seulement dans le prolongement infini d'un plaisir interminable. Jouir de moments de grande intensité émotionnelle ou intellectuelle, reliés les uns aux autres pour créer une mémoire, et savoir varier ses créations, comme l'artiste peintre ou le musicien qui, à peine leur oeuvre terminée, pense à la prochaine.
Le plaisir est un des moteurs fondamentaux de la vie, et ce sous toutes ses formes : intellectuel, physique, gastronomique, dans le partage de l'amitié ou la création.
Appliquer le principe d'attrition, c'est accepter le risque que des avions puissent voler, et donc que certains puissent être perdus. Un choix qui se justifie par la reconnaissance de la réalité naturelle de l'imperfection des choses et/ou de l'impossibilité naturelle de maîtriser le hasard. La vie, en somme...
Le principe de précaution ne doit pas être précédé ou dominé par un principe de suspicion et d'anxiété, à moins d'accepter de vivre dans une société craintive, affolée par la moindre innovation scientifique, minée par le sentiment de sa vulnérabilité, obsédée par le risque zéro, bref, une société en régression.
Surfer la vie est à la fois un jeu, un défi, une compétition et parfois une douleur. L'échelle des valeurs se déplace de la concurrence,- qui vise à s'imposer et à réussir,- vers le partage, la solidarité, l'échange, le « gagnant-gagnant », qui autorisent davantage de souplesse dans la conduite de sa vie.
Surfer la vie, c'est profiter de l'instant, être à l'écoute de son environnement, de ses réseaux, évaluer en temps réel les résultats de son action, pour réussir à affronter les nouveaux défis de la société fluide.