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L'écriture me donne le sentiment d'ajouter des jours à ma vie.
L'écriture me donne le sentiment d'ajouter des jours à ma vie.
Une île, c'est toujours la dernière borne avant l'infini. C'est toujours l'étrangeté. C'est la mer, alliée à l'étrangeté. On dit insulaire pour qualifier l'appartenance, mais l'insularité, au fond, qu'est-ce que c'est ? C'est le lancinant désir de sortir de l'île, à quoi tout l'horizon invite, de quelque côté qu'on se tourne.
Ce qui me tue, dans l'écriture, c'est qu'elle est trop courte. Quand la phrase s'achève, que de choses sont restées au-dehors !
Écrire seulement sur les choses qu'on aime. Écrire pour lier ensemble, pour ramasser les morceaux de la beauté, et ensuite recomposer, reconstruire cette beauté.
Moi je suis plutôt du côté des bouddhistes, même si je ne crois pas vraiment à la réincarnation, je crois que la vie est un océan qui nous baigne tous, et que la mort nous emporte ensemble vers une autre forme que nous ne connaissons pas.
Le silence est l'aboutissement suprême du langage et de la conscience.
Cette impression d'un temps immuable, où les siècles se touchent, où on peut toucher le temps avec ses doigts.
Notre humanité est fondée sur le langage.La Grande Librairie, France 5, 25 nov. 2020
[Écrire] est bien une folie parce que c'est contraire à toutes les règles de la bienséance et de l'efficacité, et de la vie de tout le monde. Écrire, ça implique qu'on ne vit pas comme tout le monde. En même temps - et c'est peut-être une part de ma folie -, c'est croire en la liberté. Je suis persuadé qu'on est libre. Écrire, c'est une façon d'exprimer cette liberté.Ailleurs, entretiens sur France Culture avec Jean-Louis Ezine, éd. Arléa
[Écrire], c'est incongru parce que c'est artisanal. Et puis c'est aussi un métier de saltimbanque, malgré tout. on n'a pas vraiment d'assurance. On n'entre pas vraiment dans une fonction. On se demande souvent à quoi on sert, en vérité.Ailleurs, entretiens sur France Culture avec Jean-Louis Ezine, éd. Arléa
[…] les livres que j'aime, ce sont ceux qui me donnent l'impression qu'ils possèdent quelque chose d'un peu magique. Pas seulement les mots, pas seulement l'histoire du livre, mais aussi tout ce qui est entre les lignes, ce qu'on devine et qui fait que, pour celui qui écrit, c'est une aventure totale. Il échange des non-dits, des silences, un regard, quelque chose qu'on fait ensemble, qu'on ne peut faire tout seul.Ailleurs, entretiens sur France Culture avec Jean-Louis Ezine, éd. Arléa
[...] écrire et voler c'est un peu la même chose : quand on monte dans ces avions [...], on oublie complètement le passage du temps. On oublie tout ce qui est accessoire dans la vie quotidienne : ces choses auxquelles on s'accroche, ou qui vous accrochent et vous égratignent, et qui n'ont aucune importance. Quand on vole, en effet, on a cette impression plus vaste et plus large, et on respire mieux.Ailleurs, entretiens sur France Culture avec Jean-Louis Ezine, éd. Arléa
Aves la multiplication des ruines humaines - c'est-à-dire de tous ces objets modernes qui s'écroulent, de ces épaves qui s'amoncellent dans les cimetières de voitures, dans les cimetières d'avions ou de bateaux -, on a le sentiment d'être parmi les restes d'une société en train de disparaître. Ca nous offre l'image de ce que le monde sera dans cent ou deux cents ans. Il semble qu'on avance au milieu de sa propre destinée.Ailleurs, entretiens sur France Culture avec Jean-Louis Ezine, éd. Arléa
Je crois que beaucoup d'objets fabriqués par l'être humain - et c'est vrai aussi pour les ruines de monuments - sont grandis par la destruction. Quand la nature les reprend, quand la rouille apparaît, que tout se tord, que ce qui était fait pour servir devient inutile, incompréhensible, presque absurde, il me semble que ces objets deviennent alors des sculptures, des statues.Ailleurs, entretiens sur France Culture avec Jean-Louis Ezine, éd. Arléa
J'aime voyager sans être arrêté par un horizon.