• Après la mort de l'enfant roi, et seulement après cette mort, l'enfance pouvait venir – une enfance comme un amour nomade, rieur, insoucieux des titres et des appartenances.
    La plus que vive, éd Gallimard
  • Rien de plus heureux que de penser à ceux qui ne sont plus : ils reviennent par cette pensée et c'est comme si on gagnait au bras de fer avec la mort, éprouvant la douceur d'être momentanément vainqueur des ténèbres.
  • La vie réussit à nous trouver quand plus personne ne sait où nous sommes, pas même nous. Si loin que nous soyons, elle se fraye un passage. Si grande soit notre volonté de l'éviter, de la fuir dans un travail, dans un devoir, dans un sérieux - elle arrive, têtue, se moquant gentiment de nous, de la naïveté de nos projets, de la sagesse de nos calendriers.
    La Merveille et l'Obscur, ed. Paroles d'Aube
  • Les enfants ont un privilège : on ne leur demande pas de justifier leur existence. On ne demande pas à un enfant ce qu’il fait dans la vie. On le sait bien : il joue, il pleure, il rit. Il vit – et ça suffit pour vivre.
    La merveille et l'obscur, éd. Paroles d'Aube
  • Dans la guerre, on n'a plus besoin de montres. La faim renseigne très bien sur l'heure. La peur fait sonner chaque seconde, mieux que des aiguilles.
  • Quelle que soit la personne que tu regardes, sache qu'elle a déjà plusieurs fois traversé l'enfer.
  • La parole est une denrée périssable, éphémère. Elle se teinte de toutes les circonstances de son apparition. Les mêmes mots prononcés dans des lieux différents, ne sont pas les mêmes mots.
  • Toujours ramener la vie à sa base, à ses nécessités premières : la faim, la soif, la poésie, l'attention au monde et aux gens. Il est possible que le monde moderne soit une sorte d'entreprise anonyme de destruction de nos forces vitales sous le prétexte de les exalter. Il détruit notre capacité à être attentif, rêveur, lent, amoureux, notre capacité à faire des gestes gratuits, des gestes que nous ne comprenons pas. Il est possible que ce monde moderne, que nous avons fait surgir et qui nous échappe de plus en plus, soit une sorte de machine de guerre impavide. Les livres, la poésie, certaines musiques peuvent nous ramener à nous-mêmes, nous redonner des forces pour lutter contre cette forme d'éparpillement. La méditation, la simplicité, la vie ordinaire : voilà qui donne des forces pour résister. Le grand mot est celui-là : résister.
  • Tous ces riens à quoi l'enfance donne de la valeur.
    La Part manquante, éd. Gallimard
  • Ceux qui nous aiment sont bien plus redoutables que ceux qui nous détestent. Il est bien plus difficile de leur résister, et je ne sais rien de mieux que des amis pour vous amener à faire le contraire de ce que vous souhaitiez faire.
  • La poésie est la fille infirme du ciel, la silencieuse défaite du monde et de sa science.
  • C'est celui qui s'absente qui peut parler le mieux des présences. Il ne se mêle à rien, mais à cause de cela il voit mieux que personne.
  • La plus noble façon de disparaître est la lecture. C'est aussi l'acte d'amour parfait : une âme touche une âme directement.
  • Les heures silencieuses sont celles qui chantent le plus clair.
  • Ce qui compte, c'est la puissance de la joie qui éclate à la vitre de nos yeux. Une apparition, une seule, et tout est sauvé.
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